On peut apercevoir une borne milliaire romaine, à 100m de l’entrée nord du village de Saint-Germain, au lieu-dit « La Condamine », à la hauteur du cimetière, au carrefour de la D103 et du chemin de l’église qui est l’ancienne voie romaine [1]. Cette voie romaine venait de Barjac et allait à Alba en passant par Mirabel.
Extrait
de la carte de Cassini (carte 90 – Viviers - 1772).
Il y a presque 100 ans, Jean Régné écrivait dans son Histoire du Vivarais :
"Cette inscription très fruste et presque illisible a été relevée sur une pierre milliaire…../…..Malheureusement le chiffre du milliaire a complètement disparu sous l’action du temps. »[2] Plus loin il ajoute : « Ce
monument épigraphique n’en a pas moins une grande importance puisqu’il
nous révèle l’existence d’un chemin romain que nous ignorions. » [3]
La borne milliaire est située contre le mur du jardin d’une maison au bord de la voie romaine qui passe par le centre du village.Ce milliaire est à sa place originelle bien que la lecture du nombre de pas soit devenue impossible à déchiffrer sur la borne.
Il y avait, à la fin du XIXe siècle, la partie inférieure d’un cippe, avec sa base, déposée dans l’empierrement dans lequel le milliaire est planté. La pierre carrée mesurait 0,45 de coté. L’inscription avait été relevée par le curé de St Germain de l’époque accompagné d’Auguste Allmer [4]. L’inscription n’avait rien à voir avec le milliaire, elle disait : « …..ius Decimanus a élevé ce tombeau à son père bien méritant ». Cette pierre gravée a aujourd’hui disparu.
La borne est surmontée d’un chapeau en pierre qui a servit de fixation à
une croix en fer. Cette croix, signalée dans les textes antérieurs à
1990, semble avoir disparu récemment.
Il semblerait que cette borne ait été « retirée » de son emplacement, puis remise en place, mais en la tournant le dos vers la route, en effet, l’inscription latine est tournée vers le mur de clôture, à l’opposé du chemin, ce qui est contraire à sa fonction indicatrice.
L’inscription est quasiment illisible. Les lettres sont recouvertes de ciment qui semble avoir coulé lors d’une réparation ou d’un scellement du chapeau. Des graphitis effectués, avec une pointe sèche, pour gratter l’excédent de ciment, altèrent l’inscription et risquent de modifier définitivement le texte original.
Le texte latin connu est le suivant [5]:
Imp(eratori) Caesar(i) / T(ito) Ael(io) Ha/dr(iano) Antoni/no Aug(usto) Pio / p(atri) p(atriae) trib(unicia) pot(estate) / VII co(n)s(uli) IIII / m(ilia) p(assuum) [XIII(?)]
Vers 1992, René Rebuffat, du CNRS, est venu en Ardèche avec une équipe de chercheurs [6] pour étudier les milliaires ardéchois. Durant les recherches, avec Joëlle Napoli, il a déchiffré: l’inscription de ce milliaire. Les deux auteurs indiquent dans leur texte [7] publiée dans Gallia en 1992 : « A partir de la ligne 3, nous avons pu vérifier que toutes les anciennes lectures sont exactes ».
Si la borne avait été tournée dans le mauvais sens, comme elle l'est aujourd'hui, ils l'auraient constaté et ils auraient eu des difficultés de lecture, et ils n’auraient pas manqué de le signaler. Ils ne signalent pas, non plus, la disparation de la croix métallique.
Ce milliaire est décrit, en 1966, par l’abbé Arnaud [8], qui indique la présence de la croix qui n’existe plus, mais il n’indique pas que l’inscription est tournée dans le mauvais sens. A la page suivante, page 56, une illustration montre le milliaire sommé de sa croix. Cette illustration est un dessin réalisé sur place. L’abbé Arnaud n’indique pas que le milliaire est dans une position erronée ce qui laisse supposer qu’il était tourné dans le bon sens vers 1966, et qu’il possédait encore sa croix.
Ce milliaire est décrit, en 1966, par l’abbé Arnaud [8], qui indique la présence de la croix qui n’existe plus, mais il n’indique pas que l’inscription est tournée dans le mauvais sens. A la page suivante, page 56, une illustration montre le milliaire sommé de sa croix. Cette illustration est un dessin réalisé sur place. L’abbé Arnaud n’indique pas que le milliaire est dans une position erronée ce qui laisse supposer qu’il était tourné dans le bon sens vers 1966, et qu’il possédait encore sa croix.
Cette anomalie de positionnement n’est pas non plus signalée par André Blanc [9], en 1975. On peut supposer que la modification de positionnement et la disparition de la croix sont postérieures aux travaux d’André Blanc, à l’ouvrage de l’abbé Arnaud et à la visite de René Rebuffat et de son équipe, car ces auteurs ne mentionnent pas ces anomalie dans leurs études sur les milliaires ardéchois.
Une enquête sur le terrain, en juillet 2013, m’a permis de confirmer mes suppositions et d’apprendre que la borne aurait été renversée par un véhicule, on ne sait plus à quelle date, puis réinstallée à la même place. Les ouvriers se sont attachés à redresser cet ancien calvaire et a le remettre correctement en place sans se préoccuper de la borne romaine qui lui sert de support et qui est devenue presque illisible; ils n’ont pas vérifié la bonne orientation des inscriptions en partie recouvertes par du ciment. La croix métallique a été cassée et on ne sait plus ce qu'elle est devenue.....
Documentation
Notes :
[1] Ce trajet
est confirmé par les relevés d’Isaac Moreno, publiés sur son site.
[2] Ceci a été publié en 1914.
[2] Ceci a été publié en 1914.
[3] Localisation du lieu sur Google Maps.
[4] Auguste Allmer, (Louis-Christophe-Auguste,1815 -1899) est un savant épigraphiste.
[4] Auguste Allmer, (Louis-Christophe-Auguste,1815 -1899) est un savant épigraphiste.
[6] j’ai été
tenté d’écrire « trouveurs » au lieu de « chercheurs » tant
ils ont découvert d’informations nouvelles.
[7] Napoli (Joelle)
et Rebuffat (René) : « Les
milliaires ardéchois d’Antonin le Pieux »; Gallia, XLIX, 1992, p. 71.
[8] « Voies
romaines en Helvie », page 55
[9] Carte
Archéologique de la Gaule Romaine, (CAGR) Fasicule XV, département de
l’Ardèche, CNRS, 1975.
Archives départementales de l'Ardèche :
Cadastre napoléonien de St Germain, relevé terminé sur le terrain le 25 octobre 1813. (le géomètre s’appelait F. Romain J.).Bibliographie :
- Allmer, Auguste : « Recueil des Inscriptions Antiques de la province de Languedoc », 1863.
- Arnaud, Pierre (abbé) : "Voies romaines en Helvie" ; préface de Maitre Louis Bouvier ; 187 pages, in-8, (25,5 x 16,5 cm), broché, dessins, 8 cartes dépliantes hors texte et 2 dans le texte, 59 dessins dans le texte, de R. Joseph, R. Pitiot, H. Saumade et R. Weiss, photographies, Imprimerie Étienne Benistant, Le Teil d'Ardèche, 1966. (Tirage limité à 1380 exemplaires).
- Blanc, André (1922-1977) : « Carte archéologique de la Gaule romaine. Fascicule XV (Ardèche) ; 1 vol., 100 pages, 5 figures int., VIII planches, 1 carte. ; Ed. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et C.N.R.S., 1975. – ISBN 2-222- 01696-7.
- Devic, Claude, (1670-1734); Vaissette, Joseph, (1685-1756); Roschach, Ernest, (1837-; Dulaurier, Édouard, (1807-1881). : « Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Dom Cl. Devic & Dom J. Vaissette. [Édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles contenant le Recueil des inscriptions de la province, continuée jusques en 1790 par Ernest Roschach] (1872) »; Volume XV, Toulouse : Edouard Privat, 1872-1892.
- Napoli, Joëlle & Rebuffat, René : "Les milliaires ardéchois d'Antonin le Pieux" ; Gallia , Année 1992, Volume 49, Numéro 49 pp. 51-79. Voir pages 71 - 77.
....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire