En 1897, une borne milliaire a été trouvée sur la commune de Mirabel,[1] au lieu-dit Costerate, ou plus exactement « Coste Raste »[2] sur la propriété d’un cultivateur nommé Longin Ducros, à environ 150 mètres de sa ferme ou en proximité immédiate. Le lieu se situe au bord d'une très ancienne voie de communication, à proximité de la rivière Auzon. Cette route est une ancienne voie romaine.[3]
La carte de Cassini manque de détails et de précision pour identifier le lieu de la découverte représenté par le symbole jaune. Néanmoins, elle montre le passage d’une voie qui passe à Saint Germain, à proximité de la borne connue et sur le pont dont il ne subsiste qu’une arche. Cette voie monte ensuite vers Mirabel et bifurque pour traverser l’Auzon. Le manque de détails sur la carte de Cassini nous incite à utiliser le cadastre napoléonien pour rechercher l’emplacement de la découverte.
La carte de Cassini manque de détails et de précision pour identifier le lieu de la découverte représenté par le symbole jaune. Néanmoins, elle montre le passage d’une voie qui passe à Saint Germain, à proximité de la borne connue et sur le pont dont il ne subsiste qu’une arche. Cette voie monte ensuite vers Mirabel et bifurque pour traverser l’Auzon. Le manque de détails sur la carte de Cassini nous incite à utiliser le cadastre napoléonien pour rechercher l’emplacement de la découverte.
Cadastre
napoléonien, commune de Mirabel, 1/2500e, 15 juillet 1813.
Source : Archives départementales de l'Ardèche.
Les parcelles situées entre le « ruisseau de Costerate » et la route qui va à Saint-Jean-Le-Centenier constituent le champ à proximité duquel la borne milliaire a été trouvée. Le ravin séparant la ferme du lieu de la découverte est le ruisseau nommé «des Vernés» selon les cartes IGN ou «de Costeraste» selon le cadastre de 1813. Ce ruisseau ne laissant couler qu’un filet d’eau par temps sec devient un petit torrent par fortes pluies.
La borne milliaire a été découverte à proximité de ce carrefour de chemins
qui sont d'anciennes voies romaines.
qui sont d'anciennes voies romaines.
Immédiatement après sa découverte, l’année suivante, en 1898, cette
borne fut vendue au Musée des Antiquités Nationales de St-Germain en
Laye. Elle s’y trouve encore sous le numéro de catalogue 35588. Le
conservateur de l’époque, Salomon Reinach [4], a négocié cet achat au
mieux des intérêts de son musée. Le prix d’acquisition fut de 200 francs
de l’époque avec le transport, entre la gare SNCF de Vogué [5] et
Paris, pris en charge par l’administration. Le déplacement de la pierre
qui pèse une tonne, son emballage et son transport à la gare SNCF furent
de la responsabilité de Ducros.
Le milliaire au musée de St Germain en Laye.
Longin Ducros est né en 1839, où ?, il est mort à Mirabel en 1920. Il avait 58 ans au moment de la découverte. Il semblerait qu’il n’ait pas eu de descendance et que cette famille n’existe plus à Mirabel ou dans la région.
Ce prénom est un peu inhabituel. Longin est le nom en français du soldat romain, Longinus, qui, avec sa lance, aurait percé le flanc du Christ sur la croix. Originaire de Cappadoce, Longinus servait dans l'armée romaine et commandait une unité en Judée. Il fut, avec ses hommes, chargé d'assurer la crucifixion de Jésus-Christ et il reçut mission de garder son corps pour que personne ne pût le dérober ni dire qu'il était ressuscité. Il se serait converti à la vue des prodiges qui ont accompagné la Passion du Christ. Il a été canonisé, son nom est devenu un prénom chrétien.
Comment un cultivateur, habitant dans un petit village du Vivarais, a-t-il fait, au XIXe siècle, pour contacter un des plus grands savants de l’époque, en activité à Paris, et lui vendre une borne milliaire romaine alors qu’il ne connaissait probablement rien à l’archéologie ?…
Certains auteurs indiquent que Salomon Reinach a reçu cinq lettres provenant de Ducros. Les a-t-il lui même écrites ?
Certains auteurs indiquent que Salomon Reinach a reçu cinq lettres provenant de Ducros. Les a-t-il lui même écrites ?
Pourquoi cette antiquité romaine n’a t elle pas été négociée avec les autorités locales ou avec le musée de Nîmes qui est beaucoup plus proche du lieu de découverte et qui est spécialisé en antiquités romaines ?
Pourquoi est-il si difficile de trouver de la documentation de l’époque concernant cette relique du passé et cette découverte ?
Cette borne en calcaire présente la particularité d’être une de celles qui est arrivée jusqu’à nous dans le meilleur état, avec une inscription très lisible. On peut supposer que le sol où elle est restée enfouie, jusqu’à sa découverte, n’est pas de nature acide, contrairement à celui de plusieurs endroits de la région qui «digère», en quelques années, les squelettes d’animaux.
Pourquoi est-il si difficile de trouver de la documentation de l’époque concernant cette relique du passé et cette découverte ?
Cette borne en calcaire présente la particularité d’être une de celles qui est arrivée jusqu’à nous dans le meilleur état, avec une inscription très lisible. On peut supposer que le sol où elle est restée enfouie, jusqu’à sa découverte, n’est pas de nature acide, contrairement à celui de plusieurs endroits de la région qui «digère», en quelques années, les squelettes d’animaux.
On peut constater sur cette inscription que le chiffre X indiquant le nombre de milliers de pas n’est pas identique au reste de la gravure, il ne semble pas de la même main....A-t-on construit la borne, puis gravé le texte générique en premier et, attendu d’avoir placé la borne à son emplacement définitif pour graver le chiffre indicateur des distances ?
Au sud-ouest et à 200 m de la ferme, se trouve un carrefour, situé sur une voie romaine, d'où se détache un ancien itinéraire vers l'est, et deux autres vers le sud. Ces deux itinéraires sud, l'un suivant la crête de la Costeraste, l'autre plus proche de la vallée de l'Auzon aboutissent tous deux au village de Saint-Germain-d'Ardèche, où se trouve encore le milliaire, dont le chiffre indicateur des milles est effacé.
Inscription :
Imp(eratore) Caesare / T(ito) Aelio Hadr(iano) / Antonino / Aug(usto) Pio / p(atre) p(atriae) trib(unicia) pot(estate) / VII co(n)s(ule) / IIII m(ilia) p(assuum) XDescription du milliaire :
Borne milliaire dédiée à Antonin le Pieux.Date : 145 après J.C.
Emplacement : à 10 milles pas au nord d’Alba (MP X).
Matériau : calcaire dur.
Hauteur totale. 185 cm.
Hauteur du fut : 127 cm.
Base carrée : 57cm x 57cm x 53 cm.
Diamètre : environ 52 cm
Volume : 0,4373 m3
Poids : 1008 kg.
Densité approximative : 2,3
Références du milliaire
Catalogue Musée des Antiquités Nationales St-Germain-en-Laye - Inv. n° 35588 [6]. Visible dans la salle XVI.Documentation :
Notes :
[1] Commune de Mirabel, Canton de Villeneuve-de-Berg, Arrondissement de Privas, département de l’Ardèche.[2] Il existe plusieurs orthographes pour ce nom : Costerate, Coste Raste, Costaraste.
[3] Voir André Blanc, Carte Archéologique de l’Ardèche, page 27.
[4] Salomon Reinach, est né à Saint-Germain-en-Laye, le 29 août 1858; il
est mort à Boulogne-Billancourt le 4 novembre 1932. C’est un archéologue et un spécialiste de l'histoire des religions. Il fut membre de l'Institut et conservateur des musées nationaux, archéologue, philologue, historien des religions, historien de l’art, anthropologue, philosophe, professeur à l’École du Louvre, directeur de revue.. L'œuvre majeure de Reinach, fut « Cultes, mythes et religions », elle a servit à Freud pour écrire son ouvrage « Totem et Tabou » en 1913. Doté d'une d’une érudition prodigieuse et d’une capacité de travail exceptionnelle, Reinach est l'auteur de plus de 80 volumes, 7000 articles. Voir la biographie de Salomon Reinach.
[5] Il y avait une gare plus proche, à Villeneuve-de-Berg, mais elle n’avait pas les moyens de levage suffisants pour manipuler un colis d’une tonne.
[6] Voir références du catalogue ci-dessous. Il est disponible sur Gallica.[5] Il y avait une gare plus proche, à Villeneuve-de-Berg, mais elle n’avait pas les moyens de levage suffisants pour manipuler un colis d’une tonne.
Musée des Antiquités Nationales de Saint Germain en Laye.
Place Charles de Gaulle, 78100 Saint-Germain-en-Laye - 01 39 10 13 00.http://www.musee-archeologienationale.fr/template.php?SPAGE=53
Ouvrages :
- Arnaud, Pierre, Abbé : « Voies romaines en Helvie » ; Imprimerie Étienne Benistant, Le Teil d'Ardèche, 1966, page 56 et suivantes.
- Allmer, Auguste (1815 - 1899) : revue épigraphique, III, 1890-8, p.509, N° 1228.
- Blanc, André : « Carte archéologique de la gaule romaine » ; Ed. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et C.N.R.S., 1975, page 60.
- Grenier, Albert : « Manuel ďArchéologie gallo-romaine », VI, page 59.
- Pouzet, ph. : (professeur d'histoire au lycée de St-Etienne) : « Milliaire d’Antonin le Pieux, sur la route d’Aps (Alba) à Uzès » ; Revue Épigraphique du Midi de la France, N° 88, janvier, février, mars 1898 - N° 1228, pp. 509-511.
- Reinach, Salomon : « Catalogue illustré du Musée des antiquités nationales au château de Saint-Germain-en-Laye », Tome I, Paris, Musées Nationaux, 1928, page 16.
- IGN, carte topographique, 1/25 000e, N° 2938 O ; Aubenas.
- Archives départementales de l'Ardèche, Cadastre napoléonien, commune de Mirabel, 1/2500e, 15 juillet 1813.
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