Informations extraites du "DICTIONNAIRE DES TERMES ET EXPRESSIONS DE L’ARPENTAGE ROMAIN". Ce dictionnaire des termes et expressions gromatiques (adjectif désignant l’art de ceux qui utilisent la groma pour arpenter) comporte un peu plus de 1460 entrées. Il est destiné à faciliter la compréhension des notions techniques qu’utilisent les arpenteurs romains. Il est fondé sur l’exploitation du corpus des textes gromatiques, ensemble de textes antiques concernant l’arpentage, la géométrie et les controverses agraires, ainsi que de quelques inscriptions cadastrales romaines.
Mesures
Actus
mesure de base de la métrologie romaine : l'actus linéaire est une longueur de 120 pieds (environ 35,48 m).
Cubitus
coudée : mesure de longueur valant un pied et demi, ou deux sextants, ou 6 paumes, ou 18 onces.
Decempeda
perche : mesure de longueur de dix pieds de long, dite aussi pertica de 10 pieds de 16 doigts.
Miliarium, milliarium
milliaire ou mille : mesure de longueur de 1000 pas, de 5000 pieds, ou de 8 stades ; « dans 1000 pas sur 1000, il y a 868 jugères carrés ».
Palmus
paume ; mesure de longueur valant 4 doigts ou 3 onces.
Passus
pas : mesure de longueur de 5 pieds.
Pes
pied ; mesure de longueur qui vaut 4 paumes, ou 12 onces, ou 16 doigts.
Porca
mesure de longueur valant 7200 pieds.
Stadium
stade : mesure de longueur de 625 pieds.
Définitions
Actus
– droit de circulation, chemin ; en droit rural, c'est le chemin qu'on peut emprunter avec un véhicule et où on peut faire passer des troupeaux ; un chemin qui a le droit d'actus bénéficie également de l'iter.
Actus
– tracé ou ligne issus d'un arpentage.
Augusteus in trifinio
- (borne) augustéenne sur un trifinium ; nom générique d'une borne dans le Tableau des bornes.
Bifurcus terminus
- borne fourchue : borne dite aussi samardacus, marquant un carrefour de trois limites.
Calx
- chaux : fragments de chaux qu'on place quelquefois comme signe (signum) ou témoin sous une borne pour prouver son emplacement.
Cursorium
- mot intraduisible : nom d'une pierre de bornage, qui semble provenir du chemin-limite emprunté par les coureurs (cursorii) selon Rudorff (1852, 274) ; peut-être aussi en rapport avec le terme de marine coursive ; ou avec la coursière, sentier coupant à travers champs, à flanc de colline. Voir ci-dessous à cursorius terminus.
Cursorius terminus
- borne "de course" : expression difficile à comprendre s'agissant d'une borne ; borne porte-messages (Jean Peyras) : bornes dont une partie est destinée à transmettre un message, et peut être inscrite (sunt termini cursorii in effigiem tituli constituti en 241, 9-10 La ; 401, 13-14 La) ; ces messages peuvent être, par exemple, les "lettres singulières" (voir cette expression) ; mais ce n'est pas le cas de toutes : « car toutes les stèles ne sont pas couvertes d'inscriptions, puisque dans certains endroits il n'y a pas de pierres inscrites, mais sont disposées à l'image des dieux Termes des pierres que l'on nomme cursorii. » (trad. Fr. Favory, RACF, 33, p. 225, note 79) ; nom générique d'une borne dans la liste des Ex libro Balbi Nomina lapidum finalium, Noms des pierres de confins extraits du livre de Balbus.
Itinera publica
- les voies publiques : elles reçoivent des bornages sous la forme de monuments parce qu'elles sont pérennes (Loi de Tibère sur les tombeaux).
Limitator
- arpenteur ; mot absent des textes gromatiques mais attesté chez le grammairien Servius au IVe s..Miliarium, milliarium
- milliaire ou mille : mesure de longueur de 1000 pas, de 5000 pieds, ou de 8 stades ; « dans 1000 pas sur 1000, il y a 868 jugères carrés » .
Molaris lapis
-pierre meulière, quelquefois utilisée pour faire des bornes.
Molaris terminus
- borne en pierre meulière.
Naturalis lapis petra
- borne faite avec une pierre naturelle .
Numerus
- nombre : nombre inscrit sur une borne.
Pali lignei
- pieux de bois : poteaux servant au bornage ; dits aussi pali roborei.
Pedatura
- mesure par pieds ; longueur exprimée en pieds, et, par extension, emplacement qui a été mesuré en pieds voir Podismus.
Pedatura
- mesure par pieds ; système dans lequel la longueur d'un limes est indiquée par une lettre sur une borne dans la direction de celui-ci, lettre qui se réfère à une liste de mesures.
Politus terminus, politus lapis
- borne, pierre lisse ; c'est-à-dire polie mais non inscrite.
Via
- voie : en droit rural, route sur laquelle peuvent passer des véhicules ; la via comporte en elle l'iter et l'actus ; voie servant de limite .
Via communis
- voie commune ou mitoyenne : voie partant des voies vicinales et qui séparent les possesseurs voisins.Via consularis
- voie consulaire : voie établie par un consul, et qui peut, dans certains cas, servir de decumanus maximus ; exemple d'Anxur en Campanie avec la voie Appienne.
Via militaris
- voie militaire; voir à via publica militaris.
Via praetoria
- voie prétorienne : dans le camp militaire, voie qui conduit du prétoire à la porte prétorienne et a une largeur de 60 pieds.Via principalis
- voie principale : voie qui divise le camp d'est en ouest, et qui unit la porte principale gauche et la porte principale droite, dites portae principales ; elle tire son nom des principia ; elle est large de 60 pieds.
Via publica
- voie publique ; voie qui est construite sur des fonds publics et qui reçoit son nom de son auteur (fondateur), d'après Siculus Flaccus ; dans une assignation, le plus souvent, sa surface est exceptée.
Via publica militaris
- voie publique militaire : voie pouvant quelquefois servir de limes dans une division de territoire.Via quintana
- voie quintane : dans le camp militaire, voie qui sépare le prétoire de la rétenture ; elle est large de 40 pieds ; si elle débouche sur des portes (dites quintanes), elle est large de 50 pieds.
Via sagularis
- voie de couverture : expression de castramétation désignant les voies latérales du camp, larges de 30 pieds, ou de 40 si le camp compte cinq légions ; ce nom vient du vêtement, sagum ou sagulum, qui enveloppe le soldat comme la voie enveloppe le camp.
Via vicinalis
- voie vicinale : voie qui relie des voies publiques entre elles et qui dessert les champs .Viae vicinariae
- les voies de quartier : expression de castramétation désignant les voies secondaires, passant entre les bandes, et devant traverser le camp.
Source des informations :
Gérard CHOUQUER et François FAVORY (avec la collaboration d’Anne ROTH-CONGÈS), L'arpentage romain. Histoire des textes, Droit, Techniques. éd. Errance, Paris 2001, 492 p.
Ce livre est, en quelque sorte, un manuel des écrits gromatiques et de l’arpentage romain. Il présente l’ensemble des textes gromatiques (de gromaticus, un des mots pour dire “arpenteur” en latin) et propose une série d’outils de travail utiles à tous ceux qui s’intéressent à ce thème. Parmi ceux-ci, on trouve une liste des traductions en français des textes d’arpenteurs romains ; une liste des manuscrits contenant des illustrations ; la liste des textes antiques comportant des illustrations ; un recueil de « sources » comprenant de très nombreux extraits des textes, classées en 531 paragraphes ; enfin un dictionnaire des termes et expressions de l’arpentage romain.
L’ouvrage synthétise et complète les connaissances sur ce corpus de textes antiques, le seul a être resté longtemps sans traduction dans aucune langue actuelle, mais qui, depuis une quinzaine d’années, fait l’objet de travaux multiples et de traductions en diverses langues (ex. la traduction intégrale du corpus en anglais, par Brian Campbell 2001 ; autres traductions partielles en espagnol, en français, en roumain). D’ailleurs, on trouve dans l’ouvrage la première traduction (à la date de publication) des textes de deux auteurs importants et méconnus, M. Iunius Nypsius et le Pseudo Agennius.
L’idée générale de l’ouvrage est d’installer une vision renouvelée du corpus. On a longtemps cru, parce qu’on n’en saisissait pas le sens, que ces textes étaient abscons et mal transmis. Ce n’est pas exact, même s’il existe de vrais problèmes d’établissement du texte latin et de compréhension du sens. De fait, on est là en présence de deux corpus différents. L’un est le recueil de commentaires que les arpenteurs de la fin du Ier et du début du IIe s. ont élaborés pour mettre en œuvre la politique de révision cadastrale et fiscale initiée par Vespasien. Pour enquêter sur des situations très confuses et des héritages souvent vieux de plusieurs décennies et même plusieurs siècles, ces arpenteurs ont dû quasiment faire œuvre “archéologique”, dans des archives locales souvent et sur le terrain. L’autre partie est un corpus de textes d’arpenteurs plus tardifs, principalement du IVe s., rédigés là encore pour servir un projet de l’administration : la refonte de la fiscalité foncière et la mise en œuvre de dispositifs nouveaux.
Le résultat est que les textes des arpenteurs ne sont donc pas contemporains des principales limitations et centuriations qu’on identifie dans le monde romain, lesquelles datent surtout des IVe et IIIe s. av. J.-C. pour les plus anciennes et du Ier s. av. J.-C., pour les plus nombreuses.
Notons que la quasi-intégralité des textes est donnée en traduction.
La seconde partie de l'ouvrage est constituée de planches et d'annexes qui sont autant d'outils de travail : les légendes détaillées des 174 figures explicatives et la reproduction des vignettes des manuscrits (dont on pourra regretter le rendu si peu contrasté) apportent de substantiels éclairages au texte de synthèse, parfois ardu, il faut le reconnaître. Le recensement des textes latins et de leurs différentes traductions avec leurs références précises, ainsi que la liste des manuscrits contenant des illustrations sont utilement complétés par 531 références ou extraits classés selon 47 thèmes. Un dictionnaire sommaire des termes et expressions gromatiques d'environ 1 300 entrées donne des compléments introuvables dans les dictionnaires de latin classiques. Enfin, une bibliographie d'environ 250 titres sélectionnés parmi les quelque 5 000 livres ou articles parus sur les manuscrits gromatiques, les travaux archéologiques ou morphologiques traitant des centuriations, ou encore les aspects plus proprement juridiques permet, à ceux qui souhaitent « en savoir plus », d'aller à l'essentiel.
Au total, cet ouvrage est un outil indispensable à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la topographie ou à l'histoire agraire de l'Antiquité. Par les clés aussi bien techniques qu'historiques et juridiques qu'il livre, il montre à quel point certaines règles actuelles sont héritières des manières de procéder antiques.
L’ouvrage complète les connaissances en ouvrant de nouveaux chapitres sur des thèmes inédits. On trouve ainsi dans l’ouvrage un développement sur les controverses agraires qui est totalement neuf sur le plan historiographique.
L’ouvrage comporte 174 figures en noir et blanc.
Sur le Web :
http://etudesrurales.revues.org/105....