mercredi 10 juillet 2013

Le vieux pont romain de Viviers (Ardèche).



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A Viviers, sur la D 86, qui enjambe la rivière l'Escoutay, il existe un très vieux pont encore en service, de 100 m de longueur, qui porte de nombreuses traces de restauration. C'est un pont romain.

Ce pont figure sur la carte de Cassini. On peut voir qu'il permettait de quitter Viviers pour rejoindre une voie romaine qui passait de l'autre coté de la rivière au lieu dit "La grange du pont".
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Le cadastre napoléonien montre clairement la jonction entre les routes.


Ce pont comprend aujourd'hui 11 arches ; 
à l'origine il pouvait en exister 12 ou 13.

A l'origine il a pu exister 12 arches ; aujourd'hui la largeur de la rivière obligerait d'en placer une treizième. Si cette dernière hypothèse est retenue, on pourra supposer que la restauration a intéressé cinq arches anciennes. Quatre ont été entièrement remplacées par deux voûtes surbaissées plus élevées, la 5e a été en partie murée par la nouvelle pile. La 6e arche mesure 5,60 m d'ouverture, les 7e, 8e, 9e et 10e : 6,40 m, les 11e et 12e : 4,40 m, la 13e et dernière, entièrement remaniée, ne mesure que 3,60 m d'ouverture.

On peut donc penser que le courant principal, qui emprunte aujourd'hui les deux premières arches remaniées, passait au moment de la construction du pont sous la partie médiane correspondant aux 7e, 8e, 9e, 10e arches, qui présentent la plus grande ouverture. Par contre, leur épaisseur est constante (4,80 m). Leur hauteur, difficile à mesurer en raison des alluvionnements, semble être aussi uniforme : 3 m entre la clé de voûte et l'épaulement des piédroits qui marque une saillie continue de 0,20 m. Les piles ont une épaisseur irrégulière : 2 m entre les 5e/6e arches et les 6e/7e, 7e/8e, 10e/lle, lle/12e ; 2,30 m entre les 8e/9e ; 2,50 m entre les 9e/10e arches. 

Carte postale ancienne : le pont romain de Viviers.

Ces piles portent toutes en amont des avant-becs de 1,20 m de longueur, celle entre les 11e et 12e arches possède un avant-bec récent en aval. Les avant-becs amont, tous semblables, sont constitués par trois assises de pierres, à la base en grands blocs de calcaire blanc, liés aux piédroits des arches sur une hauteur de 0,80 m. Au-dessus, une assise de gros blocs en mollasse grise à bossages, de 1,50 m de haut, n'intéressant que la pointe des avant-becs. La troisième et dernière assise, de 1,50 m de haut, forme le tétraèdre terminal ; l'appareil, mal soigné, n'est pas lié à la façade du pont : il s'agit sans doute d'une restauration. La façade dans son ensemble était recouverte à l'origine d'un parement en petit appareil de moellons calcaires de 0,09 à 0,10 m sur 0,18 à 0,20 m.
Par place, le tablier est encore marqué par des dalles de calcaire blanc, faisant légèrement saillie de quelques centimètres. Le parapet ancien a été détruit sur toute sa longueur ; celui qui est actuellement visible est relativement récent. Les voûtes sont constituées, sur les deux faces extérieures, par un double bandeau composé de pierres régulières, taillées en coin, de 0,45 m de longueur sur une épaisseur de 0,09 m (à l'intrados) et 0,11 m (à l'extrados) de la voûte.

Entre les deux rangs de pierres qui forment ce bandeau de voûte se trouve un lit de fragments de briques d'une épaisseur uniforme de 0,055 m. Une seule pile, entre les 7e et 8e voûtes, comporte à environ 3 m du sol un lit horizontal de briques de 0,55 m. Les joints de la façade appareillée ont une épaisseur régulière d'environ 14 mm. Le reste de la construction est en blocage de pierres locales, pavés calcaires et surtout gros galets de basalte ; le sable du mortier a été emprunté aux alluvions de l'Escoutay. La partie inférieure des piles avec le début des arcades présente un appareil typiquement gallo-romain.

D'importants travaux de rénovation ont été effectués au XVIe siècle (Minutes de Jacques Noalhes, notaire, 1555) et au XVIIe. Dans la nuit du 15 novembre 1674, trois arches du pont ont été renversées par le torrent. Le 2 septembre 1684, le parapet des deux dernières arcades est renversé. Il est provisoirement réparé avec des pieux. Le 14 septembre 1684, les deux mêmes arches s'écroulent dans la rivière, elle sot provisoirement remplacées par des planches. Le 4 avril 1687, la deuxième arche menace de s'écrouler...Et il y aura d'autres dégâts et d'autres réparations.

  Classé Monument Historique en 1988.

Références documentaires : 

  • Arnaud, Pierre (abbé) : "Voies romaines en Helvie" ; préface de Maitre Louis Bouvier ; 187 pages, in-8, (25,5 x 16,5 cm), broché, dessins, 8 cartes dépliantes hors texte et 2 dans le texte , 59 dessins dans le texte, de R. Joseph, R. Pitiot, H. Saumade et R. Weiss, photographies, Imprimerie Étienne Benistant, Le Teil d'Ardèche, 1966. (Tirage limité à 1380 exemplaires).
  • Barruol, Guy; Fiches, Jean-Luc; Garmy, Pierre (sous la direction de) : « Les ponts routiers en gaule romaine ». Actes du colloque tenu au Pont du Gard du 8 au 11 octobre 2008. Revue archéologique de narbonnaise. Supplément 41 ; 1 vol. (687 p.-XXXII p. de pl.) : ill., cartes, plans, couv. ill. en coul. ; 28 cm. + 1 erratum ISBN : 978-2-9528491-6-6 (rel.) : 50 EUR. - 2-9528491-6-1 ; Bibliogr. p. [21]-24. Bibliogr. en fin d'article. Glossaire. Index ; Éditions de l'Association de la revue archéologique de Narbonnaise, 2011 - ISBN : 2952849161, 9782952849166.
  • Blanc, André : "Ponts gallo-romains et très anciens de l'Ardèche et de la Drôme";  Gallia; Année 1966;  Volume 24, Numéro 24-1, pp. 77-99. Le vieux pont de Viviers, pages 80 à 82.
 
  • Carte de Cassini : N°90 - © IGN - Paris - 1999.
  • Cadastre Napoléonien, 1811 : Archives départementales de l'Ardèche.
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