mardi 3 décembre 2013

La borne milliaire de Barjac.

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En 1853, Léon Allègre, professeur de dessin à Bagnols, découvrait une borne miliaire romaine, à trois kilomètres au nord de Barjac. Gratien Charvet indique que la voie où était placée ce miliaire était une voie vicinale (1). Peu de temps après sa découverte, cette borne miliaire a été transférée, à Nîmes, à la porte d'Auguste, puis vers 1950, elle fut déplacée vers le Musée archéologique de la ville.

Cette borne provient de la Voie d'Antonin, elle est la 33e sur la route qui va de d'Aps (Alba Helvioram) à Nîmes, en passant par Barjac et Uzès. Malgré de minutieuses recherches, on n'a jamais trouvé aucune autre borne entre Barjac et Nîmes. La voie d’Antonin le Pieux passait à Malhac, à l'ouest du ruisseau de Bourdarie. Ce chemin se dirige vers Vagnas, sur un plateau couvert de ruines, où la tradition place l'ancien Barjac. Ce chemin est considéré par certains comme une ancienne voie médiévale, mais c'est surtout un tronçon de la voie romaine.

 Le chemin commence au bord de la D196, rue des Magnaous et la Costette.


Il rejoint la D979, au rond-point, à la Granjasse. 

Lieu de la découverte

Les textes du 19e siècle indiquent :
"..../...un fragment de milliaire, trouvé en 1853, par notre excellent confrère et ami, M. Léon Alègre à trois kilomètres environ de Barjac, sur la lisière d'un chemin abandonné, connu dans le pays sous le nom de Chemin royal et tracé en ligne droite, sur un plateau couvert de ruines où la tradition place l'ancien Barjac." (2)

La découverte de la borne se fit au lieudit "la Villette", nom qui pourrait rappeler la "Via Lata", à proximité d’un vieux chemin abandonné, connu sous le nom de « Chemin Royal ». Le lieu dit la Villette n'est pas un toponyme dérivé d'un nom romain comme on pourrait le supposer. Il est lié à l'implantation au début du 18e siècle d'un nouveau chemin royal, l'ancien étant mal situé, sur la colline. Dès le milieu du 18e, des maisons viennent se construire de chaque coté de cet axe créant un hameau que l'on appelle dès la fin du 18e "la Villette", la petite ville. Il y a eu rapidement une vingtaine de maisons. Ce que l'on appelle le vieux Barjac semble être plutôt Malhac, où se situe une villa gallo-romaine, christianisée dès le 5e siècle (peut-être avant) puis lieu d'habitation autour du prieuré Saint Laurent de Malhac. (3)

Cartographie

 

 

Le tracé de la voie d'Antonin le Pieux sur la commune de Barjac, extrait du cadastre actuel.

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Barjac et ses environs sur la carte de Cassini.

 
 Barjac, au XVIIe siècle, par Melchior Tavernier. 
Ce plan de Barjac, avec les tours, date précisément de 1629
il correspond au passage passage de Louis XIII dans la ville. 

Léon Allègre

Léon Allègre, n’était pas seulement professeur de dessin. Il fut peintre, collectionneur d’antiquités, archéologue, et même historien.Vers 1840, il fut admis dans la Société française d’archéologie. Entre la réalisation du portrait de l’évêque de Viviers ou celui de l’évêque de Nancy, il collaborait à plusieurs petites feuilles régionales : L’Album du Gard, L’Hirondelle, Les petites affiches… Il voyageait aussi en Italie et dans différents endroits de France pour recopier des toiles telle une « Mère des douleurs » de Philippe de Champaigne, à Montpellier. En 1865, l’académie du Gard lui demandât de la représenter à Paris, à la Sorbonne, avec pour mission de lire un mémoire qu’il avait rédigé sur le Camp de César, de Laudun où César ne campa jamais. Il reçut la visite chez lui, dans son musée de Bagnols sur Cèze, d’Auguste Allmer, le savant épigraphiste lyonnais qui lui a envoyé, par la suite, un courrier dans le quel il glorifie le travail de d’Allègre.
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Figure essentielle de la vie artistique, culturelle, scientifique, sociale et politique de Bagnols-sur-Cèze, au XIXe siècle, Léon Allègre a légué à la postérité des centaines de dessins et croquis, de nombreux carnets de notes et une correspondance considérable, ainsi qu’une bibliothèque-musée qui fut la source de la médiathèque et des deux musées actuels de la ville.

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Le 27 novembre 1884, après une pénible agonie, Léon Allègre décédait à Bagnols-sur-Cèze. Le 14 décembre 2013, nous fêterons le bicentenaire de la naissance de Léon Alègre (1813-1884).

Description de la borne

La borne milliaire de Barjac est incomplète, elle mesure 1,20m, il lui manque la partie supérieure. Elle était dans cet état lors de sa découverte. On ne voit que les cinq dernières lignes dont le texte est le suivant.


NO AVG
PIO. P.P.
TRIB. POT
VII. COS IV  
M. P. XXXIII
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En la comparant à plusieurs autres de la voie d'Antonin le Pieux il a été facile de reconstituer le texte intégral.

Ces cinq lignes étaient évidemment précédées des trois autres lignes suivantes.

IMP CAES
T. AELIO HADRl
ANO ANTONI
...
 
Cette borne comporte le nombre de milles depuis Alba ce qui permet de dire qu'elle a été trouvée à son emplacement d'origine ou à proximité.

La signification de l'inscription latine est la suivante :

[Imp(eratori) T(ito) Ael(io)] 
[Hadria]/[no Antoni]/no Aug(usto)
Pio p(atri) p(atriae)
trib(unicia) pot(estate)
VII co(n)s(uli) IV 
m(ilia) p(assuum) XXXIII


Traduction du texte en français


A l’Empereur César Titus Aelius 
Hadrien Antonin Auguste, 
Pieux, Père de la Patrie, 
revêtu de la puissance Tribunitienne 
pour la 7e fois, Consul pour la 4e fois
XXXIII mille pas. (4)


La borne miliaire est exposée au Musée Archéologique de Nîmes.

Musée archéologique de Nîmes,
13, Boulevard Amiral Courbet, 30000 Nîmes
musee.archeo@ville-nimes.fr
Téléphone : 04 66 76 74 80.

La municipalité de Barjac à tenté de faire revenir cette borne miliaire dans sa commune d’origine.

La municipalité de Barjac à tenté de faire revenir cette borne miliaire dans sa commune d’origine, comme l’avait fait avant elle la comme de Rochemaure, en Ardèche.
Devant l’impossibilité d’y parvenir, un moulage à été effectué, par la Société "Mosaïques", située à Loupian, dans le Gard. Une copie en résine synthétique a été façonnée.

Depuis septembre 2012, cette copie de la borne milliaire de Barjac est exposée dans le hall de la mairie de la commune, qui est située dans l’ancien château de Barjac.
Cette reproduction est stupéfiante de qualité et de précision. On peut désormais étudier cette borne, à Barjac, à proximité du lieu de sa découverte. Sur cette photo, on peut voir le maire de Barjac, Monsieur Edouard Chaulet, à droite, et Monsieur Raymond Rogliano, de la société "Mosaïques", à gauche, dans le hall dans la mairie lors de son installation.

Documentation

Notes :

(1) Comptes-rendus de la Société scientifique & littéraire d'Alais ; Société scientifique et littéraire (Alés, Gard) ; [s.n.] (Alais) ; 1868-1875 - Les voies vicinales  gallo-romaines  chez les Volkes-Arécomiques  par Gratien Charvet, première partie,  p.104.
(2) Académie de Nîmes : Mémoires de l'Académie royale du Gard; 1838-1878, Académie royale du Gard, Nîmes. - " Milliaire de Barjac" : pp. 206 - 212.
(3)  Communication de Monsieur l’Archiviste de la ville de Barjac, en octobre 2013.
(4)  Traduction de l’Abbé Arnaud.

Ouvrages 

Articles

    • Académie du Gard : "Procès verbaux de l’Académie du Gard", Année 1853-1854, Nîmes Imprimerie Ballivet et Fabre. Séance du 18 mars 1854, Page 140.
    • Académie de Nîmes : "Mémoires de l'Académie royale du Gard"; 1838-1878; Académie royale du Gard] (Nîmes) - Milliaire de Barjac. : pp. 206 - 212.
    • Académie de Nîmes : « Mémoires de l'Académie de Nîmes » ; 1879, Académie de Nîmes (Nîmes) - Notice biographique sur M. Léon Alègre par M. l'abbé Delacroix.
    • Société scientifique & littéraire d'Alais : "Comptes-rendus de la Société scientifique & littéraire d'Alais "; (Alés, Gard) ; [s.n.] (Alais) ; 1868-1875 - Les voies vicinales gallo-romaines chez les Volkes-Arécomiques par Gratien Charvet, première partie, p.104.

       Ouvrages

      1. Charvet, Gratien : "Voies romaines chez les Volkes-Arécomiques"; 132 pages; Typographie J. Martin, 1874; (Extrait du "Bulletin de la Société scientifique et littéraire d'Alais") - p. 83.
      2. Arnaud, Pierre (abbé) : « Valvignères en Helvie » ; 685 pages ; 1963. Arnaud, Pierre (1905-1971) : « Valvignères en Helvie» ; avec une préf. de M. O. de Beaulieu ; 685 p.-[XVI] p. de pl. : ill., couv. ill. ; 24 cm ; Privas, Impr. L. Volle,1963. - p. 66.
      3. Arnaud, Pierre (abbé) : "Voies romaines en Helvie" ; préface de Maitre Louis Bouvier ; 187 pages, in-8, (25,5 x 16,5 cm), broché, dessins, 8 cartes dépliantes hors texte et 2 dans le texte , 59 dessins dans le texte, de R. Joseph, R. Pitiot, H. Saumade et R. Weiss, photographies, Imprimerie Étienne Benistant, Le Teil d'Ardèche, 1966. (Tirage limité à 1380 exemplaires). - 30-32.
      4. Charvet, Gratien : "Les voies romaines chez les Volkes-Arécomiques "; 105 pages, 1874, Impr. de J. Martin - p. 82.
      5. Devic, Claude, (1670-1734); Vaissette, Joseph, (1685-1756); Roschach, Ernest, (1837-; Dulaurier, Édouard, (1807-1881). : « Histoire générale de Languedoc avec des notes et les pièces justificatives par Dom Cl. Devic & Dom J. Vaissette. [Édition accompagnée de dissertations & notes nouvelles contenant le Recueil des inscriptions de la province, continuée jusques en 1790 par Ernest Roschach] (1872) » Volume XV, Toulouse : Édouard Privat, 1872-1892. Tome XV, N° 1929, p.1098.
      6. Lauxerois, Roger : "Le bas-Vivarais à l’époque romaine. Recherche sur la cité d’Alba"; Paris, 1983. - p.266.
      7. RebuffatRené : « Visite à la voie romaine des Helviens [Texte imprimé] / René Rebuffat [avec la collab. de ] Joëlle Napoli, Katherine H. Hewitt, Denise Rebuffat » ; 80 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 21 cm ; Bibliogr. p. 41 ; Le Teil, Association des amis de Mélas et du patrimoine, 1994. 
      8. Roux, Paul-Jean (abbé) : "Barjzac en Uzège", 1994, Conseil Municipal et comité d’expansion de Barjac.
      9. Urvoy, Jean-Michel : « Borne d’Antonin le Pieux » ; 8 pages, dans "Revue Municipale 2013 de Barjac", édition de mars 2014. 

      Divers

      2 commentaires:

      JPRx a dit…

      Bonjour,

      Juste un petit message pour vous signaler une faute de frappe :

      La borne milliaire de Barjac est incomplète, elle mesure 1,20m, il lui manque la partie supérieure. Elle était dans cet état lors de sa découverte. On ne voit que les cinq dernières lignes dont le texte est le suivant.


      NO AVG
      PIO. P.P.
      TMB. POT ==> TRIB. POT
      VII. COS IV
      M. P. XXXIII

      Jean-Michel Urvoy a dit…

      Correction effectuée.
      Merci.
      JMU